Avec ce nouveau livre, je renoue avec un thème (le voyage, qu’il soit d’un mois ou d’une vie : c’est un peu la même chose parfois), un pays (la Chine, mais il y en a d’autres) et une époque (le début du XXe siècle) que j’avais déjà abordés dans « C’est de Chine que je t’écris… » (en 2004, chez le même éditeur, le Seuil). D’une certaine manière, je les évoque également dans le manuscrit non publié que l’on peut lire sur ce blog (Cameron Road, terminus – De Paris à Hong Kong en train). Cette fois-ci, c’est un Allemand, Waldemar Abegg, que je suis tout au long du périple qu’il effectua en 1905 et 1906 autour d’une bonne partie du monde (Etats-Unis, Hawaï, Japon, Corée, Chine, Singapour, Indonésie, Inde, Ceylan).
Le « pitch » :
C’est une histoire du monde d’avant. Avant les avions, le tourisme de masse, les guerres qui déchireraient la planète, la mondialisation, le choc des civilisations… C’était la Belle Époque, bercée par la croyance dans le Progrès et la paix retrouvée, fêtée par les Expositions universelles, rythmée par les découvertes qui allaient inventer un monde nouveau, portée par un internationalisme qui repoussait les frontières.
Un beau jour d’avril 1905, Waldemar Abegg embarque dans un port d’Allemagne. A 33 ans, ce fils de bonne famille étouffe entre les limites confortables de son milieu et de l’Empire de Prusse. Il a soif de découvrir le monde qui s’ébat au-delà. Bardé d’appareils photographiques, il part à la rencontre de cette Amérique où les gratte-ciels de New York et les « cow-boys » du « Far West » forment l’avant-garde d’un pays continent en marche. Après le Nouveau Monde et une escale aux Îles Hawaï, il parcourt l’Extrême-Orient, depuis le Japon jusqu’au Sri Lanka. De ce périple d’un an et demi, il ramènera des photographies d’avant les appareils numériques, d’un temps où des artistes colorisaient les clichés noirs et blancs pour redonner au monde ses vraies couleurs.
Homme du XIXe siècle, à la charnière du XXe siècle commençant, Waldemar est déjà tout à la fois un vestige et un éclaireur. Par son témoignage, il pointe du doigt les évolutions qui vont se faire jour. Par ses photographies, il illumine ce que l’historien Eric J. Hobsbawm appelle cette « zone crépusculaire entre l’histoire et la mémoire », ce « no man’s land temporel » entre la grande histoire du monde et nos souvenirs personnels. C’est là toute la force de ce « récit par l’image » que nous offre à plus d’un siècle de distance ce jeune fonctionnaire Allemand qui, quelques années avant qu’il ne disparaisse, décida d’aller photographier le monde d’hier.
Boris Martin
Chronique d’un monde disparu
Waldemar Abegg, voyageur et photographe
Seuil
192 pages
40 €
www.editionsduseuil.fr (Catégorie Beaux Livres)
Le livre paraît en même temps en Allemagne chez l’éditeur Frederking & Thaler